Le fait du Prince
Le plus troublant ne se passe, d'ailleurs, au tribunal. Aujourd'hui, dans tous les postes de police ou de gendarmerie, vous avez un registre dit de main courante rempli d'engagements, signés par des débiteurs.
Sans s'étendre sur la validité juridique des signatures et des engagements extorqués sous la contrainte morale (Les menaces de garde à vue), chacun doit s'inquiéter de la transformation de fait des postes de police et de gendarmerie en Agences de recouvrement ou en cabinets d'huissiers. Là, vous êtes convoqué à tout bout de champ, traité comme un malpropre et mis dans d'ignobles violons au moindre retard de comparution, à la moindre réplique jugée déplaisante.
Pour tout arranger, la moindre affaire civile est revêtue par les hommes en uniforme du magistral caractère de délit ou de crime.
A croire que le code pénal fut inventé, un beau jour de guerre, par un commandant de Brigade...
Quoique la constitution garantisse à l'avocat le droit d'assister son client dès à l'enquête préliminaire, nous avons souvent eu le sentiment d'aggraver, par notre seule présence, le sort de notre client, lequel, en nous constituant, apparaissait aux yeux des augustes « enquêteurs » comme un quidam, décidé à défier leur divine autorité, à travers un avocat.
Tant de faits vécus, que dis - je ? Subis en notre chair et âme nous amènent à souhaiter l'avènement d'une autre justice,
d'une autre police, d'une autre gendarmerie ; bref, d'une autre République.